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Dans cette seconde section de notre article relatif au premier panel du cycle de conférences AD2S 2024 intitulé « Le MCO aéro confronté à une conflictualité majeure », nous faisons un tour d’horizon des solutions proposées par les intervenants,  tellesle concept MORANE de l’armée de l’Air et de l’Espace, le développement des Pôles de conduite et de soutien, la recherche de la supériorité aérienne en coalition, ou encore la nécessité de « sortir de la logique de la surfiabilité » de façon à être prêt et pouvoir s’inscrire dans la durée si le scénario de conflit majeur à haute intensité devait devenir réalité.

Le MCO aéronautique face à l’hypothèse d’un engagement majeur et de haute intensité : de la nécessité d’un changement d’état d’esprit (II de II)

Par Murielle Delaporte - Temps forts du premier panel intitulé « Le MCO aéro confronté à une conflictualité majeure » (Partie II)

 

 

Solutions et outils mis en place : « sortir du cadre »


La dispersion de forces aériennes mise en œuvre par l’AAE dans le cadre du concept MORANE pour « mise en œuvre réactive de l’arme aérienne » (équivalent de la doctrine ACE de l’USAF pour « Agile Combat Employment ») fait l’objet de nombreux entraînements comme ce fut le cas pendant l’exercice VOLFA 2024. Un redéploiement rapide réalisé dans des conditions dégradées réalistes (« adversaire redoutable » ; mission sans GPS, ni flux logistique complet) et requérant non seulement un C2 agile, mais aussi des mécaniciens inventifs capables de travailler sous pression HI1 ...


Pour le général Gourdain, quatre conditions sont nécessaires pour que le MCO-A puisse faire face au tempo et à l’attrition engendrés par une hypothèse HEM/HI :

  1. L’agilité, c’est-à-dire la capacité de « sortir du cadre » pour répondre efficacement aux hypothèses non conformes aux manuels et procédures ;
  2. La robustesse, c’est-à-dire la propension à pouvoir rapidement réutiliser des équipements et former des mécaniciens rapidement en environnement dégradé (avec des outillages eux aussi dégradés) ;
  3. Une connexion NSO/NSI (forces / industriels) plus fluide permettant un processus décisionnaire rapide et basé sur une confiance mutuelle ;
  4. L’innovation non seulement technologique (telle la révolution 3D), mais aussi dans la façon d’aborder les sujets en coopération avec les industriels.

 

Cette innovation se retrouve notamment dans l’accélération du développement et de la pérennisation des PCS pour « pôles de conduite de soutien », plateaux techniques permettant de sortir de la logique de silos et permettant à tous les acteurs d’œuvrer de conserve pour améliorer la disponibilité. Ces PCS jouent déjà un rôle essentiel en cas de problème spécifique (comme ce fut le cas pour l'A400M endommagé à Darwin pendant Pégase 2024) ou pendant les JO afin d’assurer une disponibilité maximale des Fennec assurer la posture de sûreté aérienne : on parle alors de « PCS de circonstance ». En cas d’engagement majeur de haute intensité ces plateaux deviendraient de véritables « plateaux de guerre »2.

 

La nécessité de travailler en coalition

 

La réapparition de la menace dite symétrique implique que les forces armées occidentales travaillent en coalition tant pour avoir la supériorité aérienne que pour retrouver l’initiative du tempo des opérations.

 

C’est le constat du général Gomez Blanco qui a souligné l’importance des exercices tels Pacific Skies cet été avec la France et l’Allemagne.

 

C’est aussi celui du contre-amiral Lamielle qui souligne que « nous sortons d’une zone de confort » et se réjouit du fait que les exercices interalliés prennent dorénavant en compte l’attrition et les problèmes de supply chain, ce qui n’était pas le cas encore récemment.

 

Revenir à l’essentiel de la mission : « sortir de la logique de la «surfiabilité »


Pour le général Gourdain, l’exercice Orionis « qui a maintenant lieu toute l’année avec les industriels » répond précisément à cette nécessité de « passer du soutien à l’entraînement des forces à l’entraînement des forces de soutien » sur l’ensemble des forces et de la chaîne d’approvisionnement.


Orionis permet de « multiplier les stress tests », l’objectif étant de mesurer l’impact sur la sécurité et la performance de solutions faisant passer la mission avant « la surfiabilité et la surqualité » qui dominent depuis des décennies la logique industrielle. Il faut ainsi « passer d’une navigabilité réglée à une navigabilité gérée », mais pour ce faire, le conseil des industriels pour adopter et tester les bonnes solutions en milieu dégradé est absolument primordial.


Le général Feola, ancien commandant de la BAP (Brigade aérienne d’assaut et de projection), est allé dans le même sens en expliquant que « le cadre de sécurité des vols doit s’adapter », de façon a ce qu’aéronefs et équipages puissent voler tous les jours, car « les équipages qualifiés ne se trouvent pas sur étagère » …


Un nouvel état d’esprit doit donc régner, car « cela ne se décrète pas » le moment où on en a besoin, a-t-il conclu.

 

Notes :

Général Sabéné

Général Feola

 

Photo © anelb.com, 2024